C’est une joie de vous retrouver! Oui c’est vrai, même en dépit de l’actualité déplorable qui donne envie de rester ensevelie sous la couette. Plus question de s’exiler sur la planète Mars - j’avais coutume de dire ça quand je saturais face à aux nouvelles, “vas-y viens, on se casse sur Mars!”- mais ça n’est plus tellement à l’ordre du jour, de toutes façons, sa conquête est très certainement dans les plans d’Elon Musk. La seule concession que je vais faire à l’actualité dans la newsletter de cette quinzaine ( outre la sélection des articles de la revue de presse), c’est vous parler de parentalité . Pour le reste, j’ai eu envie de faire LIGHT. Parce que je sais pas vous, mais moi j’ai eu besoin de contenus me faisant rire, et me changeant les idées, voire offrant une autre facette de la masculinité, pour ne pas céder le champ narratif en la matière - exclusivement toxique- à Trump et sa bande d’énergumènes. Et puis, au lendemain de la Saint-Valentin, en voyant passer cette sélection chez Vogue Paris de 11 livres pour repenser l’amour en dehors des carcans patriarcaux, j’ai eu envie de partager une chronique écrite sur le sujet ( pour tout vous dire, j’ai hésité entre celle-là, et une autre sur le ghosting tirée de mes chroniques sur feu l’antenne de Africa N°1), et vous recommander deux ouvrages pour repenser l’amour, ne figurant pas parmi ceux répertoriés par le magazine.
Mais pour commencer, et parce que je suis d’humeur sombre à l’heure du scandale de l’établissement catholique privé Notre-Dame de Bétharram, une tribune parue il y a quelques années dans le Drenche, journal de débats regroupant des opinions diverses et opposées en un même lieu sur une question d’actualité, avec la vocation d’aider son lectorat à se forger sa propre opinion.
Ma tribune portait sur l’instauration d’un permis de parentalité, et pour la première fois dans l’histoire du titre, la rédaction ne trouva pas de contradicteur.ice pour rédiger un argumentaire contre cette idée. C’était en 2019, et en découvrant les témoignages des anciens de Notre-Dame de Bétharram, en notant que seule une poignée de parents avaient pris fait et cause pour leurs enfants, tandis que l’immense majorité semblait adhérer aux méthodes “d’éducation” obscènes et intolérables de l’établissement, j’ai eu envie de la poser à nouveau, ici. À l’heure où il est sans arrêt question de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle ( et les remous qu’elle suscite auprès de certains groupes), la radicalité consisterait peut-être à s’attacher à l’éducation des parents, aussi.
Bonne lecture.
Et rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle édition de la newsletter.
*selon un rapport élaboré par les inspections générales des affaires sociales (IGAS), de la justice (IGJ) et de l’éducation (IGAENR) remis jeudi 25 Avril 2019 au gouvernement, en France, un enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents ou de proches. « Les morts d’enfants au sein de leur famille avec en moyenne 72 victimes par an, représentent « un peu moins de 10 % » du nombre total d’homicides en France. Selon Enfance et Partage, un quart des adultes déclarent avoir subi des violences physiques dans leur enfance, et une femme sur cinq et un homme sur treize disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance.
REVUE DE PRESSE
« On savait que si on racontait ce qu’on nous faisait, on prenait le double à la maison. »
À l’heure où le premier ministre François Bayrou prétend n’avoir « jamais été informé » des agressions sexuelles qui ont eu lieu dans un établissement catholique du Béarn, (re) lire ce long papier par Robin Richardot dans Le monde, paru en mars 2024 dans lequel d’anciens élèves de l’établissement catholique privé Notre-Dame de Bétharram dénoncent un « régime de la terreur »
Depuis dix jours, mis en cause par des enquêtes de Mediapart, du Monde et de la presse locale, relayées par la gauche, le premier ministre François Bayrou, dont plusieurs enfants ont été scolarisés dans l’établissement catholique privé Notre-Dame de Bétharram, où son épouse a enseigné le catéchisme, nie avoir eu connaissance des violences sexuelles quand il officiait comme ministre de l’éducation nationale dans les années 1990. Un avocat a demandé, lundi 17 février, l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » dans l’affaire de viol survenue en 1998 au sein du collège-lycée catholique de Lestelle-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques.
«la violence était une méthode éducative et les parents acceptaient qu'on mette leur enfant au pas. En réalité, beaucoup de personnes trouvaient ça acceptable» En dépit des dénégations de François Bayrou, plongée (édifiante) dans les archives de l’INA à propos de l’affaire du collège-lycée de Bétharram et ce qui se savait déjà
Considérant qu’il s’agit d’un « fait isolé » commis dans « un contexte de forte pression », le tribunal a condamné l’institutrice de maternelle qui avait asséné une claque dans le dos d’une fillette à Paris, à une simple amende de 3 000 euros, dont la moitié avec sursis, ainsi qu’au versement de 2 600 euros à la partie civile. « On est très excentré, l’école n’accueille que les enfants de la cité, avec des familles en grande précarité et de plus en plus d’élèves en situation de handicap. Elle devrait être classée REP [réseaux d’éducation prioritaire], voire REP + mais elle ne l’est pas »
"La personne en charge de la France se contente de voir son pays à travers le ressenti de ses habitants, et pas à travers les faits." Invité de France Inter, le démographe et historien Hervé Le Bras revient sur l'utilisation des termes "sentiment de submersion" migratoire par le Premier ministre François Bayrou, à l'occasion de la sortie de son livre "Il n’y a pas de race blanche" (Grasset).
Dans un avis publié le 12 février, le Conseil économique, social et environnemental avance une quinzaine de recommandations pour sécuriser les espaces de travail, ainsi que la diffusion d’un nouvel outil, le « verbomètre », qui, à l’instar du « violentomètre » créé pour lutter contre les violences faites aux femmes, permettrait aux salariés de repérer comment et quand commence la violence. « Il y a quelque chose dans l’air du temps. Les racistes se lâchent plus facilement. Je note une augmentation du nombre de salariés qui viennent me consulter pour des comportements racistes »
“Mener un état des lieux sur la proportion de personnes racisé·es dans la rédaction, dans chaque pôle, et leurs positions hiérarchiques. Faire la même chose pour les personnes issues de classe sociale défavorable.” L’AJAR (Association des Journalistes Antiracistes et Racisé·es) propose 12 recommandations pour renforcer la représentation des journalistes racisé·es et améliorer la couverture médiatique.
«Pour moi, on ne peut pas avoir une approche uniquement genrée de la question des métiers d’avenir et émancipateurs ; la question sociale est centrale (…). Les hommes sont en train de construire un tas de solutions pour rendre le monde encore plus performant, mais personne n’investit la question sociale et la question du genre dans ces révolutions-là.» . Alors que le somment sur l’IA s’est déroulé la semaine dernière à Paris, rencontre avec Souad Boutegrabet, Fondatrice de DesCodeuses, l’école qui forme les femmes issues des quartiers populaires aux métiers du code ou de la cybersécurité.
Trente ans après la fin de l’apartheid, la question du partage des terres et des richesses reste sensible dans le pays le plus inégalitaire au monde, selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, et où 72 % des terres agricoles sont encore aux mains de propriétaires blancs, une communauté qui représente 7 % de la population”. Quand Elon Musk accuse l’Afrique du Sud, son pays natal, de « persécuter les Blancs »
“J’adore le fait que Trump croit que les Sud-Africains blancs vont abandonner les fermes qu’ils ont volées, leurs vignobles et leurs maisons sur la plage pour devenir réfugiés aux États-Unis. Quel idiot !” Alors que la Maison-Blanche a annoncé, le 7 février, la suspension de l’ensemble des aides américaines à destination de l’Afrique du Sud, une autre disposition contenue dans le décret signé par Donald Trump a provoqué l’hilarité sur les réseaux sociaux : l’offre du statut de réfugié à la communauté blanche afrikaner qui serait victime de “discrimination raciale injuste”, selon l’administration américaine.
« Merci, mais non merci » En Afrique du Sud, le malaise des nationalistes afrikaners invités à l’exil par Donald Trump
* Oui c’est un crétin sans une once de bon sens, et aucune compétence relationnelle, mais il EST mon fils. J’espère seulement qu’il ne fera jamais de politique. Il serait désastreux.* Mary Anne Trump, mère de Donald Trump.
“activism, activists, advocacy, advocate, advocates, barrier, barriers, biased, biased toward, biases, biases towards, bipoc, black and latinx, community diversity, community equity, cultural differences, cultural heritage, culturally responsive, disabilities, disability, discriminated, discrimination, discriminatory, diverse, backgrounds, diverse communities, diverse community, diverse group, diverse groups, diversified, diversify, diversifying, diversity and inclusion, diversity equity, enhance the diversity, enhancing diversity, equal opportunity, equality, equitable, equity, ethnicity, excluded, female, females, fostering inclusivity, gender, gender diversity, genders, hate speech, excluded, female, females, fostering inclusivity, gender, gender diversity, genders, hate speech, hispanic minority, historically, implicit bias, implicit biases, inclusion, inclusive, inclusiveness, inclusivity, increase diversity, increase the diversity, indigenous community, inequalities, inequality, inequitable, inequities, institutional, Igbt, marginalize, marginalized, minorities, minority, multicultural, polarization, political, prejudice, privileges, promoting diversity, race and ethnicity, racial, racial diversity, racial inequality, racial justice, racially, racism, sense of belonging, sexual preferences, social justice, sociocultural, socioeconomic, status
stereotypes, systemic, trauma, under appreciated, under represented, under served, underrepresentation, underrepresented, underserved, undervalued, victim, women, women and underrepresented” Aux Etats-Unis, la Fondation nationale pour la science (NSF), destinée à soutenir financièrement la recherche scientifique américaine, a fait passer une note interne encourageant les chercheurs à bannir certains termes de leurs travaux. Une panoplie de mots qui risquent de faire annuler le financement d’une étude, mais aussi des conférences, des formations, des ateliers ou « toute autre activité de subvention qui utilise ou encourage l’utilisation des principes et cadres de la diversité, de l’équité, de l’inclusion et de l’accessibilité (DEIA) ou qui enfreint les lois fédérales de lutte contre la discrimination »
« En raison des événements extraordinaires des dernières semaines, et pour rester fidèles aux serments que nous avons prêtés aux New-Yorkais et à nos familles, nous avons pris la décision difficile de démissionner de nos fonctions »Les détracteurs du maire de New-York, Eric Adams, qui s’affiche ces derniers jours aux côtés du « responsable des frontières » Tom Homan – responsable du programme d’expulsions massives d’immigrés en situation irrégulière voulu par Donald Trump –, reprochent à ce dernier de rompre de plus en plus ostensiblement avec le statut de « ville sanctuaire » pour les immigrés, voté par ses élus et qui prévoit une limitation de la coopération avec la police fédérale chargée de lutter contre l’immigration irrégulière.
« Je ne fais pas cette vidéo pour semer la peur, ni pour créer un drame ou pour être consolée (…). Je pense qu’elle vaut la peine d’être publiée pour que l’on prenne conscience de la réalité » Connue pour son rôle dans la série à succès Euphoria, l’actrice transgenre Hunter Schafer assure dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux que l’administration américaine a modifié son genre sur son passeport
Le ministère de la Santé lance une expérimentation de tests salivaires pour dépister l’endométriose. À compter du mardi 11 février, 2 500 patientes vont pouvoir expérimenter des tests salivaires remboursés par la Sécurité sociale, pour détecter cette pathologie qui touche près de 2 millions de femmes en France.
« Ne mettre en avant que les comportements individuels (tabac, alcool…), la génétique et le dépistage face à des cas de cancers plus nombreux occulte les causes structurelles de la maladie». « Le cancer est, au moins partiellement, une maladie politique” observe dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
« Les fleurs en provenance de pays tiers n’étant soumises à aucune réglementation européenne, nous ne disposons pas d’informations concernant les substances utilisées et aucun contrôle n’est effectué », reconnaît-on au ministère de l’agriculture. UFC-Que choisir a testé des roses, gerberas et chrysanthèmes achetés en boutique, grande surface ou en ligne. Des résidus de pesticides sont systématiquement retrouvés – jusqu’à 46 substances différentes par bouquet –, dont certains interdits en Europe.
En réceptionnant des fleurs traitées en provenance des Pays-Bas et d’Amérique du Sud, en les installant dans le magasin, en confectionnant les bouquets, en épinant, en nettoyant les fleurs, les végétaux, les feuillages, en changeant l’eau des bacs, en chargeant les bottes florales dans le camion, en les livrant chez les clients, toujours sans protection et sans mise en garde, Laure Marivain, fleuriste de 2004 à 2008, puis représentante en fleurs de 2008 à 2011 dans les Pays de la Loire a « consommé des pesticides » pendant des années, y compris durant sa grossesse, sans le savoir. Sa fille, Emmy est morte le 12 mars 2022, après sept années à lutter contre un cancer. Elle avait 11 ans. Emmy est le premier enfant dont le décès est reconnu par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). « Au départ, on avait les mêmes difficultés avec les agriculteurs. Personne n’en parlait, il n’y avait que quelques dizaines de victimes identifiées en France (…) A travers le cas de Mme Marivain, peut-être que d’autres fleuristes se reconnaîtront et briseront le silence. »
Après une longue procédure, la famille Marivain avait réussi à faire reconnaître le décès d’Emmy par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). En juillet 2023, le FIVP a admis « le lien de causalité entre la pathologie [d’Emmy] et son exposition aux pesticides durant la période prénatale ». Une première pour une victime décédée. Dans un arrêt communiqué mercredi 4 décembre, le tribunal a débouté les parents d’Emmy de leur demande d’indemnisation des préjudices subis par leur fille.
« Il y a des petits bébés. Et au bout, il y a plein de gros spécimens. C’est triste » 157 cétacés qui se sont échoués près d’Arthur River, une localité peu peuplée du nord-ouest de la Tasmanie, île située au sud-est de l’Australie. Des échouages massifs de cétacés sont de plus en plus souvent constatés à travers le monde, un phénomène dont les causes n’ont pas été scientifiquement établies à ce jour mais qui pourrait être lié à l’activité humaine.
« C’est encourageant de savoir que les femmes autochtones vont pouvoir se parler entre elles et qu’elles vont avoir une aide adaptée »Québec investit près de 900 000 $ sur trois ans pour créer une ligne téléphonique afin de venir en aide aux femmes des Premières Nations victimes de violence conjugale, familiale et sexuelle.
Christophe Simon—AFP/Getty Images
« Je voulais que toutes les femmes victimes de viol se disent “Madame Pelicot l’a fait, on peut le faire”. Je ne veux plus qu’elles aient honte. La honte, ce n’est pas à nous de l’avoir, c’est à eux, (…). Je veux que mon exemple serve aux autres. » Gisèle Pelicot, parmi les douze femmes de l’année 2025 retenues par le magazine américain « Time »
"La jeune fille de 25 ans que j'étais à l'époque des faits avait une vision du viol qui était complètement erronée. (…) Moi, j'avais cette image de la scène violente qui se passe dans une ruelle sombre, etc. Et en fait, la majorité des cas ne sont pas comme ça, ça vient surtout de l'entourage proche, pas forcément avec une arme sous la gorge ." Soraya R., 29 ans, a décidé de rendre public le viol dont elle dit avoir été victime, afin d'inciter le plus grand nombre à parler.
« Je ne contrôle pas ma force car je suis dyspraxique et maladroit (…) et je ne vois pas qu’elle a mal » L’agent immobilier et animateur de télévision, Stéphane Plaza condamné à douze mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Prenant « acte » de la condamnation de son animateur vedette, le groupe M6 a annoncé mardi « la déprogrammation à compter de ce jour » des émissions avec Stéphane Plaza.
«Il a tenté de la harceler et de l'intimider après la fin de leur relation romantique» La Cour suprême de la Nouvelle-Écosse a condamné un ex-amant à verser 49 000 $ à son ex-partenaire pour avoir publié sur Internet une photographie d'elle nue sans son consentement.
« Elle ment, elle ment, elle ment » La cour criminelle du Doubs a reconnu, jeudi 13 février, Jean-Pierre Dartevelle, l’ancien vice-président de la Fédération française de tennis, coupable de viols sur une ancienne joueuse, qui avait entre 17 et 19 ans au moment des faits qui se sont déroulés entre septembre 2016 et mars 2018. « La partie civile que je représente et que j’assiste est reconnue dans son statut de victime et c’est pour elle l’essentiel, a réagi l’avocat de la jeune femme, Benjamin Liautaud. Aujourd’hui, en ce qui concerne ma cliente, la contrainte morale a été reconnue et sanctionnée. »
Sous réserve d’un examen approfondi de l’arrêt de la cour d’appel, nous pouvons dire que nous sommes extrêmement déçues et choquées par cette décision, qui n’est pas conforme aux exigences internationales de répression des violences sexistes et sexuelles, telles que définies notamment par la Cour européenne des droits de l’homme,(…) C’est l’arrêt d’une justice qui manque de moyens, qui met un an et demi pour simplement confirmer un renvoi et qui n’est pas à la hauteur des attentes de la société et des parties civiles. » Dans l’affaire French Bukkake, dossier emblématique des violences sexuelles dans le porno, les parties civiles demandaient que la qualification de « torture et actes de barbarie » soit aussi retenue contre les accusés. Elles n’ont pas été suivies par la chambre de l’instruction.
« Je n’ai pas subi plus que d’autres, (…). Mais la violence lors des procédures a été pire que celle du viol. Car elle venait d’institutions censées protéger les victimes. » Huit femmes ont porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme contre la France pour mauvais traitement et idéologie sexiste. Parmi elles, Clara Achour, qui plaide en faveur de l’inscription du non-consentement dans la définition pénale du viol.
“En fait, Air France protège les agresseurs, pas les hôtesses”. Pour que "la honte change de camp", des salariées de chez Air France prennent la parole contre la banalisation des agressions et du harcèlement sexuels dans la compagnie aérienne.
« Il faut sortir de ce tabou qui voudrait que l’intime soit indiscret. C’est important de relier ce qui se passe à l’intérieur de la maison et à l’extérieur ». De plus en plus d’auteurs et d’autrices graphiques investissent, dans leurs œuvres, les questions de l’intime au sens large. La crise de la quarantaine pour Aude Picault, la périménopause pour Cati Baur, la « sénescence » heureuse pour Florence Cestac : des tranches de vie explorées dans trois nouveaux albums.
« Nous avons de jeunes cinéastes professionnels qui en sont pleinement capables. Il ne suffit pas de faire du cinéma, il faut que les œuvres soient aussi visibles (…). Que les autorités nous aident avec la construction de salles de cinéma. C’est l’appel que je leur lance avant ma mort si Dieu le veut » Auteur d’une œuvre pionnière du cinéma africain, mais aussi politique, humaniste et sociale, le grand réalisateur malien, primé deux fois à Cannes, Souleymane Cissé est mort à Bamako, mercredi 19 février, à l’âge de 84 ans.
« Honnêtement, je n’ai pas vu Emilia Pérez et nous n’avons pas le temps d’entrer dans des polémiques, (…) j’imagine que le film ne montre pas notre réalité crue : des femmes qui retournent la terre avec des pelles pour chercher des os. Mais s’il donne à entendre qu’il y a beaucoup de disparus au Mexique, c’est déjà beaucoup et j’aimerais que le monde se souvienne de cela » Si des activistes LGBT+ se sont bien prononcés contre le film de Jacques Audiard, « Emilia Pérez », nommé treize fois aux Oscars, en raison des stéréotypes qu’il véhicule selon eux et d’une vision édulcorée de la situation, les collectifs des disparus au Mexique n’ont rien dit.
RECOMMANDATION
#SÉRIE| MACHOS ALFA | NETFLIX
Je vous disais lors de la précédente édition de la newsletter que les séries pouvaient être bien plus que des récits, qu’elles pouvaient être des outils de réflexion. Machos Alfa est du nombre. C’est mon amie Clara de Souza qui m’a fait découvrir cette série espagnole en 2022, lors de la diffusion de la première saison sur Netflix. Enthousiaste, elle m’a dit, “ tu vas voir, tu vas te marrer! c’est totalement pour toi!”. Elle avait vu juste. Drôle, incisif, pertinent, et rafraichissant, Machos Alfa (ce titre!) crée par le duo de réalisateurices et scénariste Laura et Alberto Caballero (frère et soeur à la ville), est la preuve qu’on peut parler d’égalité, sexisme, privilèges et déconstruction avec humour, impertinence, dérision et culot. Si, si, je vous assure. Pour vous la faire courte: à Madrid, quatre amis quadragénaires doivent composer avec le monde changeant de la masculinité. Personnages principaux de la série, Pedro Aguilar, Luis Bravo, Raúl Camacho et Santi, naviguent dans un monde où le patriarcat existe encore, mais n’est plus vraiment ce qu’il était. Centrée sur les quatre compères et leurs liens d’amitié, la série fait aussi la part belle à leurs compagnes, épouses et enfants, sans jamais céder à la facilité ni se moquer de ses protagonistes. Résultat: on rit avec eux, pas d’eux. Même quand iels nous exaspèrent. Chacun.e comprendra la série suivant son vécu. Mais quoi qu’il en soit, sur le front de la redéfinition des rapports femmes-hommes, votre vision de cette série parlera plus de vous, que de la série en elle-même. Et c’est là aussi, sa grande réussite. Nous emmener à nous interroger, nous aussi, sur nos propres dynamiques relationnelles, et nos certitudes en matière de déconstruction.
Par contre, fuyez l’adaptation française ( déso, pas déso), dont le titre “Super mâles” (???), annonce déjà la couleur... preuve s’il en faut une fois de plus, qu’il ne suffit pas de transposer une histoire d’une culture à une autre, quitte à faire un copié-collé, pour en rendre tout le suc. Et svp, optez pour la V.O sous-titrée, les répliques savoureuses le sont encore plus en version originale. Conseil d’amie.
RECOMMANDATION
#DOCUMENTAIRE| JOUIS! SI T’ES UN HOMME | FRANCE.tv
Quand on fait parler les hommes
« Jouis ! Si t’es un homme » (2023) est un film documentaire qui propose une entrée dans le territoire encore largement inexploité́ du plaisir masculin, à partir des témoignages bruts que des hommes très différents ont confiés à la réalisatrice Lou Carenar. S’intéressant à la masculinité au prisme des émotions au travers de témoignage d'hommes de tous les horizons, venant parler de leur sexualité avec des expériences différentes, elle met en lumière le sujet du vide orgasmique, plus fréquent qu’on ne l’imagine chez les hommes. Si l'orgasme, ce n'est pas automatique s'agissant de la sexualité féminine, il en est de même pour celle des hommes et de toutes les personnes à expression de genre masculine. À l'aune d'un panel inclusif, ce documentaire rappelle qu'il n’y a pas qu’un seul modèle de mec, pas qu’une seule façon de penser et de vivre les choses, et qu'en matière de masculinité aussi, la diversité est de mise.
BONUS
#DANS LE RÉTRO| SAINT-VALENTIN| CHRONIQUE LA DOSE | ARCHIVES
La Saint Valentin étant désormais derrière nous, je pose ici cette chronique publiée en 2021, dans LA DOSE de chez BINGE Audio, dans laquelle je répondais à la question d’une auditeurice,“ Pourquoi répète-t-on le même schéma dans nos relations amoureuses?”
LA DOSE était une une lettre hebdomadaire en version newsletter et audio, dans laquelle chaque semaine, des journalistes, des auteurices et des intellectuel·les répondaient aux questions qu’avaient posées les auditeurices, et partageaient leurs recommandations culturelles.
RECOMMANDATION
#DANS LE RÉTRO| | REPENSER L’AMOUR | NOS AMOURS RADICALES
Paru le 1er Septembre 2021 aux éditions Les Insolentes (et première parution de cette collection féministe alors toute neuve, d'Hachette Pratique), NOS AMOURS RADICALES comporte 8 textes sur l'amour - 8 visions singulières pour porter un regard nouveau sur l’amour. L’amour de soi, et l’amour tout court, mais aussi sur le couple, la construction émotionnelle et le courage d’être soi.
C’est une aventure à laquelle j’ai pris part avec ardeur et conviction à l’invitation inspirée des jeunes éditrices Mariane Laborie et Léa Delord de l’agence L. Hardie, qui ont eu l’idée de cet ouvrage en février 2020, et nous ont réuni pour lui donner corps, Léane Alestra, Anais Bourdet, Sabrina Erin Gin, Lou Eve, Sharone Omankoy, Emanouela Todorova, Nanténé Traoré et moi-même. Nos mots, sensibles, sincères, corrosifs et violents parfois, mais toujours sincères, sont accompagnés des belles illustrations d’Hina Hundt.
L’amour amoureux est-il le seul qui importe ? Couple hétérosexuel et féminisme sont-ils compatibles ? Quel est le poids des inégalités sociales ou raciales sur le couple ? Qu’est-ce que notre manière d’être avec l’autre veut dire de nous ? Comment construire nos relations intimes en suivant des principes d’équité, qui ne sont pas encore acquis dans la société au sein de laquelle nous évoluons ? Telles sont les questions dont nous nous sommes emparé.es pour cet ouvrage.
Ma nouvelle vous parle d'estime de soi, de la petite Sirène ( ou Petite Ondine pour celles de ma génération) et de ce dont on hérite. Bon je tacle aussi au passage une certaine presse féminine et un certain type d'ouvrage de "développement personnel" qui ont sérieusement érodé l'estime de soi des trentenaires que nous étions.
Titre disponible en format broché chez vos libraires, en attendant le format poche…
RECOMMANDATION
#LA B.A.S.E| | À PROPOS D’AMOUR | bell hooks
Et parce qu’il ne saurait être question bien évidemment d’aborder la thématique de l’amour comme acte militant, sans référence à LA PIONNIÈRE en la matière, je parle bien évidement de:
Sans déconner, si vous ne deviez lire qu’UN seul ouvrage pour repenser l'amour, et/ou amorcer votre propre réflexion sur le sujet, ça serait sans conteste celui-ci. Publié en 2000 aux États-Unis, sous le titre All About Love, il a fallu attendre … 2022 pour qu’il soit enfin traduit en France. Dans cet ouvrage incontournable - et facile à lire, bell hooks soutient l’idée que l’amour n’est pas un sentiment, mais une pratique. Il devient ainsi possible de reconnaître ce qui n’est pas de l’amour- la maltraitance, la domination, la négligence, la dépréciation. Un incontournable de toute bibliothèque féministe ( ou pas), à lire sans modération.
AGENDA
Parce que derrière les réseaux sociaux il y a la vraie vie …
SAVE THE DATE
| #MOIS DES FEMMES REID HALL| COLUMBIA GLOBAL CENTER|
MARDI 11 MARS 2025 À 19H00 |
En mars, dans le cadre de sa série annuelle dédiée au Mois des Femmes, le Columbia Global Centers l Paris , l'un des dix centres de l'Université Columbia répartis dans le monde, accueille plusieurs rencontres célébrant des femmes qui repoussent les frontières et croisent les disciplines, laissant leur empreinte dans l’art, le milieu académique, le climat et le féminisme.
À cette occasion, retrouvez moi au cœur du quartier de Montparnasse, mardi 11 mars de 19H00 à 21H00 à Reid Hall, à l'invitation de l’historienne et féministe Christelle Taraud, spécialiste des femmes, du genre et des sexualités en contexte colonial, en discussion autour du "Journal intime d'une féministe (noire)". Cet événement aura lieu à Reid Hall dans la Grande Salle Ginsberg-LeClerc, construite en 1912 et entièrement rénovée en 2023 grâce au généreux soutien de Judith Ginsberg et Paul LeClerc.
Également au programme dans le cadre de cette célébration des femmes au Reid Hall, une journée de discussions (Vendredi 7 mars, à partir de 13H30) avec l’historienne féministe Michelle Perrot, explorant l’histoire des femmes, les luttes ouvrières et les féminismes.
Le lancement ( mercredi 5 mars à 19H00) de la biographie d’Hélène Frouard sur Jacqueline Manicom La révoltée, qui a fondé une clinique de planning familial en Guadeloupe et a été membre fondatrice de Choisir la Cause des Femmes.
Et le lancement (mercredi 19 mars à 19H00) du livre Contre vents et marées, l'histoire extraordinaire de Nellie Bly par Nicola Attadio, traduit pour la première fois en français, ouvrage qui a connu un énorme succès en Italie.
Entrée libre sur réservation.
Billetterie et informations complètes du Mois des Femmes à Reid Hall, ici
Au plaisir de vous y retrouver!
Bonne lecture et bonnes séances de visionnage, prenez (bien ) soin de vous, et rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle édition de la newsletter.
Axelle
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