On ne naît pas mère, on le devient.#MeMySexeAndI®
La Chronique
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11.06
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Je suis devenue mère à 20 ans. Adolescente, je disais à mes copines que je serai mère à 20 ans et que j’aurai une fille qui s’appellerait Margaux. J’avais choisi son nom par amour pour Ernest Hemingway, dont les écrits me subjuguaient alors. Il avait ainsi baptisé sa fille en hommage aux cépages bordelais, et bien que n’ayant jamais bu une goutte de Château Margaux, je le cru sur parole quand il affirmait qu’il ne s’agissait de rien de moins que du meilleur vin du monde. Ma fille porterait le nom d’un millésime.
Je voulais une fille. Pas un garçon. Je savais en mon fort intérieur que j’aurai été une désastreuse mère de fils. Le masculin qu’il m’avait été donné de côtoyer enfant et adolescente avait été trop brutal, violent et toxique pour que je sois une mère de fils bienveillante. À 20 ans ayant grandie un peu plus vite que les autres, j’étais parfaitement consciente de cet état de fait, et lorsque Margaux est née, mon entourage a bien dû se résoudre à ce que j’affirmais depuis le départ, c’était bien une fille. Il ne pouvait en être autrement.
La première nuit, lorsque nous nous sommes retrouvées toutes les deux seules dans ma chambre, au dernier étage de la maternité de l’hôtel Dieu, où il faisait une température caniculaire en ce mois de juin, je l’ai prise dans mes bras, et nous avons eu notre première conversation ensemble. À cette petite fille qui arrivait juste au monde et qui désormais dépendrait de moi, j’ai avoué que je n’avais pas la moindre idée de la manière dont j’allais m’y prendre pour l’élever. Qu’il allait nous falloir le faire ensemble. J’aurai autant besoin d’elle, qu’elle aurait besoin de moi parce que je n’avais personne pour me montrer comment devenir sa mère.
Juste avant mon entrée en salle d’accouchement, au moment où les dernières contractions étaient survenues ( et sur lesquelles la péridurale ne faisaient plus effet depuis une bonne heure! sinon ça n’était pas drôle), mes pensées étaient allées vers ma mère. J’aurais alors donné tout l’or du monde pour qu’elle soit à mes côtés. Et lorsque je me suis retrouvée seule pour la première fois avec ma fille, dans cette chambre ce soir-là, c’est encore à elle que je songeais. À son absence à mes côtés, dans cette étape cruciale entre toutes, celui où votre enfant devient parent à son tour.
Je pensais à elle sans ressentiment, mais avec une infinie tristesse. J’avais 20 ans, je m’étais enfuie de la maison de son fils cadet pour sauver ma peau deux ans plus tôt, j’avais rencontré un homme avec qui j’avais eu le désir de faire un enfant, et c’était cette splendide petite fille dans mes bras, qu’elle ne rencontrerait peut être jamais.
Je trouvais l’histoire mal faite et me sentait totalement abandonnée et démunie devant l’ampleur d’une tâche qui me paraissait gigantesque; élever sans repère maternel, maternant, cette enfant. Trouver en moi, en nous, des ressources que je ne me connaissais pas et faire de mon mieux. Je n’avais toujours eu à ne veiller que sur moi. À ne prendre soin que de moi. Je ne savais pas vraiment comme prendre soin de quelqu’un d’autre, en l’occurence un être aussi fragile. Mais je lui promettais de faire de mon mieux. Que nous apprendrions ensemble, en chemin. Elle avait autant à m’enseigner que moi j’avais à apprendre. Et vice-versa.
Quelqu’un nous aurait surprise à ce moment-là, ma voisine de chambre se serait réveillée et nous aurait entendues, la scène aurait pu paraître très bizarre.
Une mère demandant à son bébé fille à peine née de lui montrer comment s’y prendre, et lui promettant de faire de son mieux. Comme si elle pouvait m’entendre. Comme si c’était normal que moi, l’adulte, je m’adresse ainsi à l’enfant.
Mais était-ce vraiment si dingue de lui parler comme si elle avait son mot à dire, sa part à faire dans la relation que nous nous apprêtions à établir hors de mon utérus? Nous avions jusqu’alors vécues ensemble mais séparées pour ainsi dire , mais voilà qu’elle était devant moi, incarnée, et vulnérable. Tout autant que je l’étais. Autant que je me sentais l’être. Avec l’enfance et l’adolescence que j’avais eu, je ne savais pas quelle mère je pourrai être. Le plus honnête était de le reconnaitre.
C’est sur ce socle de vulnérabilité que notre lien s’est tissé. Sur cet instant. Et sa nature n’a jamais changé. Je ne suis pas née mère. Je le suis devenue. Notre relation s’est inventée au fur et à mesure, jour après jour, sans feuille de route. Elle m’a faite mère, et elle est devenue ma fille. Et maintes et maintes fois, nous nous sommes choisies.
Je crois que ce sont les enfants qui choisissent leurs parents. Non l’inverse. Je crois que l’enfant fait le parent. Et ma fibre mystique va jusqu’à croire qu’avant la naissance, nous choisissons la famille dans laquelle nous allons nous incarner, dans le dessein d’y apporter quelque chose, transformer, réparer, renouveler au besoin les dynamiques qui s’y déroulent.
Contrairement à ce que chantait Maxime Le Forestier, je crois qu’on ne nait pas par hasard là où l’on naît. Je crois au sceau de l’ange, à cette histoire extraite du Talmud qui veut que lorsqu’un bébé vienne au monde, il connaisse les mystères de la création . Mais juste avant sa naissance, un ange pose le doigt sur sa bouche et lui dit "chut, ne dis rien, tu dois tout oublier de ce que tu sais", lui enjoignant de tenir secret ce savoir. Alors seulement, il peut pousser son premier cri.
Du geste de l'ange, il reste une trace: le petit creux qui dessine un fossé entre notre lèvre supérieure et la base de notre nez...
Cette légende m’a rassurée, adolescente, pour comprendre pourquoi j’avais atterrie dans l’environnement qui était alors le mien. Elle m’a rassurée et confortée. Il était donc possible que j’ai choisie cette famille et ses membres pour une raison que je ne cernais pas encore tout à fait.
Cette première nuit, ma fille dans mes bras, j’ai conclu qu’elle aussi m’avait choisie. Et qu’il y avait un sens à tout mon chemin parcouru jusqu’alors. Et même si à cet instant, je ne savais pas exactement ce que je tenais de ma mère, ce qu’elle m’avait légué, il était de mon ressort de savoir ce que je voudrais transmettre au petit être dans mes bras.
Devenir la mère dont j’aurai eu besoin.
xoxo
Axelle
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LA B.A.S.E
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MUST- SEEN
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ADOPTIONS AU MALI: EN QUÊTE DE VÉRITÉ
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PRIDE MONTH - LE MOIS DES FIERTÉS
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Dans VICEfr, à l'invitation d'Alice Pfeiffer🙏🏾, je parle de la convergence du commun (et de.s singularité.s) entre les combats LGBT, féministe et antiracistes, et même que je cite Maya Angelou! C’est à lire ici
ZAYA
(Suzanne Serres, 2017. Canada)
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Susanne Serres est une jeune artiste et activiste de Montréal. En 2018, la réalisatrice et scénariste a publié sur vimeo ce court-métrage, Zaya, qui a pour objectif de promouvoir l’amour et l’acceptation.
Sélectionné dans plusieurs festivals, il a remporté (entre autres) le prix (amplement mérité) de la meilleure cinématographie (2018) au LGBT Toronto film festival. Je vous invite à découvrir ce court-métrage qui se fait (encore) rare, dont les protagonistes sont (une fois n’est pas coutume) de jeunes femmes noires.
Le pitch : Zaya est une danseuse contemporaine qui prend conscience de son attirance pour Nadège, sa partenaire de danse. Pour accepter pleinement celle qu’elle est, Zaya ressent le besoin de dépasser sa peur et de faire son coming out à sa mère.
MUST-READ
À PROPOS DE TRANSMISSION
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CHEEK MAGAZINE
Quatre générations de femmes réunies dans "Les Rivières", DR
“Dans certaines traditions, parmi les symboles du féminin, il y a la rivière intérieure, c’est ce que tu sais et que tu n’as pas encore contacté. Moi, quand j’ai décidé de laisser couler, ont émergé énormément de choses, dont ce film.” Avec “Les rivières”, Mai Hua vient à bout de la malédiction qui hante les femmes de sa famille
QUAND JE SERAI GRANDE
JE SERAI LIBRAIRE
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Parce que les mères ne sont pas toujours des figures bienveillantes, sélection personnelle et subjective de quelques ouvrages de fiction qui vous permettront si besoin, de mettre les mots sur vos maux.
Ou prendre la mesure de votre chance d’avoir une mère bienveillante….
À TON ÂGE , FRANCE INTER
(Caroline Gillet, 2017. France)
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Parce que je vous parle de ma fille et moi, en début de newsletter, et privilégie un ton personnel dans mes billets, je vous quitte cette semaine sur cet inestimable cadeau qui nous a été fait, par Caroline Gillet, à l’été 2017, dans son émission “À ton âge”.
Un bout de mon histoire personnelle...et de celle de ma fille, Margaux.
Pour l’écouter, cliquez ici
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